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À la rencontre de militants pour un autre monde numérique

Ce week-end, nous sommes allés au Samedi du libre, qui a lieu tous les premiers samedis du mois à La Cité des Sciences de Paris. Nous en avons profité pour redécouvrir le parc de La Villette et ses chouettes infrastructures autour du canal Saint Denis, mais sommes surtout allés à la rencontre d’autres associations et d’autres bénévoles, qui comme nous s’activent pour un monde meilleur.

Le Samedi du libre, c’est un événement qui permet aux communautés partageant les valeurs du Logiciel Libre (partage, transparence, autonomie, entraide… soit tout l’inverse des « prisons dorées » qu’on a trop souvent dans les mains ces temps-ci…) de se rassembler et une occasion pour les uns de s’informer, pour les autres de faire savoir.

Les locaux sont mis à disposition (me semble-t-il), les équipements sont de qualité et bien entretenus, mais surtout, à l’image de la bibliothèque et de la Cité des Métiers de l’autre côté du couloir, tout ça est relativement ouvert et accessible. L’espace est articulé autour d’un FabLab, dans lequel adultes, ados, et enfants peuvent venir fabriquer et expérimenter lors d’ateliers notamment. Franchement, tout ça mérite d’être consulté. On a là des perles d’émancipation à une heure de chez nous environ, qu’on méconnaît ou qu’on a tendance à oublier.

© EPPDCSI Virginia Castro

On y a rencontré des membres de Parinux, de Wikimédia France, et on a parlé pendant plusieurs heures avec ceux de Franciliens.net. Voilà des bénévoles qui s’affairent avec opiniâtreté pour promouvoir et préserver un internet sécurisé, neutre, résilient et acentré entre autres. Ils proposent des alternatives concrètes en Île-de-France, dans le cadre d’une fédération nationale de Fournisseurs d’Accès à Internet associatifs – les fameux « F.A.I. », sauf qu’ici, on ne parle pas de ces énormes groupes qui ne perçoivent l’individu qu’en tant que consommateur.

© EPPDCSI Véronique Besnard

On peut par exemple choisir de leur verser 43€ par mois pour un accès à internet ADSL, au lieu d’en donner une dizaine de moins à monsieur Bouygues et à ses actionnaires. On peut aussi choisir de faire passer, pour une douzaine d’euros par mois, toutes nos données dans un tunnel opaque aux yeux indiscrets d’Orange et consorts, qui abreuvent probablement et plus ou moins sciemment nos chers services de renseignements. On peut enfin, à l’aide d’un petit boîtier dédié qu’on viendra paramétrer en réunion associative, tenter de pratiquer ce qu’on appelle « l’auto-hébergement », c’est-à-dire de rapatrier nos données, autant dire nos vies privées en cette ère numérique, chez nous, tout en préservant cette capacité à y accéder à travers internet, depuis son téléphone ou sur d’autres ordinateurs par exemple.

Vous pouvez les suivre ou les contacter à travers Mastodon, Diaspora-Framasphère, ou encore leur site web.

Voir le précieux site officiel du projet La Brique Internet

Explications

Il s’agit de militer, de faire un autre monde à la force collective de nos petits porte-monnaie, de nos petits bras musclés et de nos milliards de milliards de neurones que certains font tout pour qu’on les active le moins possible. En se regroupant dans le cadre d’associations aussi, que Franciliens.net et la FFDN seraient ravis d’accompagner.

Manifestation contre le sommet des pilleurs et pollueurs, par Gustave Deghilage, sous Creative Commons BY-NC-ND
Allez, j’en profite pour mettre un beau gosse torse nu et pacifiste…

Bref, on a parlé de l’outil qu’est internet, des câbles sous-marins qui le permettent, des armoires dans nos rues qui nous y raccordent, des très nombreux intermédiaires qui interviennent quand on se connecte sur une page web, de surveillance de masse, des risques qu’une hyper-connectivité permanente engendre, des choix dont on dispose encore quand on est harcelé constamment par telle proposition, telle notification, telle publicité, tel courriel de relance… Mais tout un tas de petites solutions simples existent, ce dont on parlera à Dammartin-sur-Tigeaux dans le cadre d’ateliers d’entraide informatique au Café Asso dès septembre (ouverts à tous, sans inscription et avec participation financière libre, comme d’habitude).

En un mot, c’était passionnant ! Ça nous concerne tous, c’est actuel et c’est notre futur proche aussi (tant qu’on a des ressources pour faire tourner la machine, et le numérique au sens large pèse sacrément dans la balance énergétique). On parle d’accès à l’information, notamment alternative, dans un monde où nombreux sont ceux qui font tout pour en priver les peuples, le peuple.

On peut choisir de se désintéresser de tout ça, de laisser ça « à ceux qui connaissent », ou bien, comme dans tous les autres domaines, on peut choisir d’essayer d’y comprendre quelque chose, de s’informer pour pouvoir agir, ne serait-ce qu’un peu, en connaissance de cause, pour ne pas laisser, non plus, nos pairs et nos enfants se dévoiler intégralement et souvent bien malgré eux auprès d’ogres avares qui accumulent sans problème toute une vie de détails, de déplacements, de choix, de clics, de durées de lecture, de recherches, d’achats, de photos, de commentaires, de visites… dans des petits dossiers auxquels on n’aura, nous, que très difficilement accès, et qu’il sera impossible de faire supprimer vraiment.

Révolutionnairement vôtre,
Terhemis, pour le Café Asso.

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photo d’illustration principale sous Creative Commons BY-SA, par Théodore Faure, trésorier de Franciliens.net mais aussi designer (voir l’article source)

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